Les chiffres étonnant du succès de BoursoBank
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La valeur du baril de pétrole coté à New York WTI pour livraison en mai a chuté lundi en dessous de zéro à la fin d’une séance infernale, les investisseurs cherchant désespérément à se débarrasser de certains barils dans un marché saturé. Un phénomène qui est venu se combiner avec la chute brutale de la demande à cause de la paralysie économique provoquée par la pandémie. C’est "sans précédent" et "complètement irréel", remarque Louise Dickson, spécialiste du marché pétrolier pour le cabinet Rystad Energy. Le contrat de WTI pour livraison en mai expirant mardi à la clôture, ceux qui en détiennent doivent en effet trouver au plus vite des acheteurs physiques.
Mais comme les stocks ont déjà énormément gonflé aux Etats-Unis ces dernières semaines, ils ont été contraints non seulement de brader leurs prix pour les convaincre de se saisir de leurs barils, mais de les rémunérer pour le faire. "Et ils ont payé cher", souligne Mme Dickson.
Le baril de WTI n’était jamais tombé en dessous de 10 dollars depuis la création de ce contrat en 1983. La situation devrait toutefois s’améliorer dans les jours à venir, estiment plusieurs analystes.
"Il est un peu trompeur de se focaliser sur le contrat de mai", souligne ainsi Matt Smith, expert du marché pétrolier pour ClipperData. "Il y a beaucoup plus d’échanges sur le baril pour livraison en juin". Et ce dernier a un peu mieux résisté : il a baissé de "seulement" 18% lundi pour finir à 20,43 dollars, ce qui traduit l’espoir du marché que la descente aux enfers va s’enrayer dans les semaines à venir.
Le baril de Brent de la mer du Nord, référence européenne cotée à Londres, a été aussi beaucoup moins affecté puisqu’il n’a cédé que 9%, pour terminer à 25,57 dollars.
Reste que le marché du pétrole s’effondre depuis plusieurs semaines alors que les restrictions de déplacements dans de nombreux pays et la paralysie de nombreuses économies à cause de la crise du coronavirus ont fait fondre la demande. Et les investisseurs s’attendent à pire encore puisqu’une profonde récession s’annonce dans le monde.
Côté offre, le marché a été inondé de pétrole à bas coût après que l’Arabie Saoudite, membre éminent de l’Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), a lancé une guerre des prix avec la Russie pour obtenir un maximum de parts de marché. Les deux pays ont mis un terme à leur différend au début du mois en acceptant, avec d’autres pays, de réduire leur production de près de 10 millions de barils par jour pour stimuler les marchés touchés par le virus. Donald Trump —qui a joué un rôle dans les négociations— a même évoqué une baisse de 20 millions de barils par jour. Mais les prix ont continué à dégringoler quand il est devenu clair que les réductions promises ne suffiraient pas à compenser l’effondrement de la demande.
Selon l’Agence américaine de l’information sur l’énergie, les stocks de brut ne cessent d’augmenter depuis mi-janvier aux Etats-Unis et ils ont gonflé de 75 millions de barils au total pour atteindre plus de 500 millions de barils, ajoutant aux malheurs d’un marché qui débordait déjà d’or noir avant la pandémie de Covid-19. "Les courtiers ont englouti des barils pas chers et rempli les espaces de stockage", remarque Louise Dickson. A Cushing dans l’Oklahoma en particulier, où sont stockés les barils servant de référence au WTI, les réserves ont bondi de 48% depuis fin février pour atteindre 55 millions de barils et "il n’y reste de la place que pour environ 21 millions de barils", souligne-t-elle. Or, avec la chute des cours, les producteurs américains pompent certes moins mais leurs extractions s’élevaient encore début avril à plus de 12 millions de barils par jour dans le pays. Lundi soir, Donald Trump a annoncé qu’il avait l’intention d’ajouter 75 millions de barils à la réserve stratégique américaine, destinée à parer aux urgences, pour la remplir.
Il a ensuite précisé qu’il allait soit acheter cette quantité de pétrole si le Congrès lui donnait le feu vert soit ouvrir à des tiers, la capacité de stockage qui fait cruellement défaut ailleurs, en échange d’une rémunération. Au 17 avril, elle contenait 635 millions de barils et la limite autorisée est actuellement de 713,5 millions de barils.
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